Réflexions, spiritualité, coups de coeur... Poète et prophète sévissant sur Internet, le Moineau se réclame du Christianisme social et du Carrefour de Chrétiens Inclusifs, et ne demande l'autorisation de personne pour proclamer la bonne nouvelle de l'amour de Dieu révélé en Jésus Christ pour tous et toutes sans exception.

mardi 28 juillet 2009

Ce tremblement de taire... [2/3]

Voici le deuxième épisode du feuilleton entamé la semaine dernière.

Résumé du premier épisode : Paule, l'héroïne, qui pourrait aussi s'appeler Saule, mais ceci est une autre histoire, participe pour la deuxième fois à une retraite de chrétiens LGBT&friendly, écoute des enseignements bouleversants, rencontre des gens tout chouettes, et en revient un peu transformée, oui, mais jusqu'où et jusque quand?

***

C'est difficile, de dire un appel. Oh, d'autres y parviennent, sans doute, mais moi, j'ai un peu de mal. C'est que j'ai de l'esprit critique à foison, que j'aime ce qui est rationnel, ne serait-ce qu'un peu, et que dire "J'entends Jésus qui m'appelle", ou "Je veux suivre Jésus", dans ces conditions... Encore que, bon, quand on est, par exemple, un pêcheur de Gallilée les deux pieds sur terre (ou bien dans sa barque), ce n'est pas nécessairement plus facile.

Que dire, et comment dire? Peut-être, seulement rendre compte de quleues éléments de ce que je me balbutie à moi-même, un peu confusément, dans le secret de mon âme, en ce mois de juin 2009...

Que l'amour que Dieu nous porte est immense, d'une confondante immensité. Mais que nous ne recevons en général cette immensité que portée par des intermédiaires humains.

Quelques moments forts de la retraite :
  • Pendant l'enseignement de Jean-Michel, à travers Jean-Michel, c'est bien une grosse louche d'amour de Dieu qu'on se prend en pleine poire (et qu'on ne se prendrait pas, si on n'était pas là, et si Jean-Michel ne faisait pas l'intermédiaire).
  • Le temps de méditation à la fin de cet enseignement. Couchée dans l'herbe, face contre ciel, recevant le soleil et le vent.
  • Un Notre Père chanté, à quelques uns (nous étions sept ou huit, en cercle) suivant l'invitation de T., autour du feu de camp, au coeur de la nuit. Moment d'une rare et indicible grandeur.
Des moments ludiques aussi, bien sûr, des moments de partage libérateur... Mais les moments forts sont ceux qui laissent ce sillon sur mon coeur, où je ne sais trop bien que semer.

Alors, le souvenir de la tentation (oui, je l'ai toujours vécu comme une "tentation", et ce n'est pas anodin), d'entrer dans les ordres. Récurrente dans ma vie, même si les phases d'athéisme sont récurrents aussi.

La "tentation", voisine, et plus récente, d'étudier la théologie, peut -être avec une visée de profession pastorale ensuite. (Hum, faire métier de prédications).

Un désir fort de simplicité volontaire, de pauvreté, de cesser de gaspiller, détruire, surconsommer, épuiser la planète et les frères et soeurs humains du Sud (surtout) ou d'ici (aussi) qui paient le prix fort des privilèges que j'ai tant de mal à contester au quotidien.

Un désir de juste être une courroie de transmission du message évangélique. Pour que les autres aussi reçoivent sur le visage, le corps, partout, le grand vent libérateur de Dieu.

Et je pense à cette collègue qui me disait "Tu dois être plus assertive", à ces magazines qui nous disent "Tu dois te réaliser", à la société du développement personnel. Ce n'est pas si mal, le développement persopnnel. mais pour quoi, pour quoi? Ne faut-il pas retourner tout cela, entrer dans un chemin de détachement, de transparence, justement ne pas s'affirmer, mais se faire vide pour que résonne mieux, à travers soi, le message du Christ, ce tout autre message qui nous dépasse et en nous dépassant fait que nous nous dépassons nous-même? Ne faut-il pas radicalement changer de regard, littéralement "se convertir"?

Je voudrais un chemin spirituel qui me permette d'allier mes convictions féministes (pas question de laisser tomber la juste cause de l'empowerment des femmes, à commencer par le mien) et la consicente reddition à un pouvoir tendre et tout autre.

Je voudrais n'être plus que corps permettant à l'amour du Christ de s'incarner, encore et toujours, sur terre, aux côtés de l'humanité. Que mon regard sur autrui devienne le regard d'amour, d'écoute, de compassion du Christ sur les humains. Qu'à travers moi, les autres puissent se sentir aimés de Dieu. Mais ça veut dire quoi? Sans doute pas s'asseoir auprès des plus pauvres et leur faire des sourires niais, sans doute pas me tenir nuit et jour aux côtés des SDF ou des sans-papiers, porter l'amour aux parias? Ou bien si? Mais je n'ai pas du tout du tout envie de faire ça! Je ne suis pas capable. D'ailleurs, à bien y réfléchir, je ne suis pas capable non plus d'écouter mes amis, je parle tout le temps. Je ne porte ni la parole du Christ ni rien du tout, seulement un flot de bavardage. ça ne va pas, mais alors là, pas du tout!!!

Je voudrais changer de vie, je change de vie, dans cette direction. Le problème est juste que je ne sais pas très bien, qui, quoi, comment, à quoi je suis appelée exactement.
Quelque chose de fort, de radical, de totalitaire? Quelque chose comme ce qui a fait se lever des générations d'apôtres, fondateur-trice-s d'ordres, prédicateur-trice-s dans les villes et les déserts... Quoi?

Etudier la théologie, ce serait encore se plonger dans les livres, solliciter l'intellect... Est-ce la bonne voie? Je ne sais pas... M'engager un an , le temps de réfléchir, comme bénévole dans une communauté (pourquoi pas Agape, qui cherche des permanents? ... Mais n'ai-je pas passé l'âge? Et est-ce que cela convient, colle avec ma personnalité? Je ne sais pas... D'autres pistes? Lesquelles? Il faut sans doute attendre et laisser Dieu me donner quelques indices supplémentaires. Peut-être faire une retraite quelque part? Je pense au monastère protestant de Grandchamp, mais nous voilà fin juin et j'ai dix jours de vacances avec d'autres projets. Je me dis que ces dix-jours-là vont m'aider à réfléchir.

[à suivre...]

3 commentaires:

chrichrine a dit…

Ton message me touche, et, tombée par hasard sur ton blog, je vais revenir pour te lire plus longuement...
Difficile question, donner, SE donner, donner à Dieu... SE donner à Dieu... comment, où, quand? Jusqu'où je suis prête à donner de moi, à me donner?
Ma meilleure amie est entrée au monastère il y a presque un an, et elle n'est qu'au tout début de son chemin de discernement... un chemin qui prend toute la vie... La voir décider de donner sa vie ainsi m'a à la fois questionnée, révoltée, ébranlée, élevée...

Est-ce que tu te fais accompagner par quelqu'un de formé, qui a l'habitude de guider des gens sur le chemin de la vocation? un "père spirituel" pourra peut-être t'aider à y voir plus clair(ou une mère spirituelle ^^, mais si tu es catholique, je n'ai pas vu en parcourant rapidement ton blog si tu es de confession catholique ou protestante, le père spi peut aussi te permettre de vivre le sacrement de réconciliation en plus d'une discussion sur la vocation...) ...

Amitiés et union de prière
Christine

Le Moineau a dit…

Merci beaucoup Christine pour ton message....
Tu trouveras certainement des réponses à tes suggestions dans la suite de l'histoire. Ce serait plus simple si j'écrivais tout et je mettais tout en ligne, mais ça demande temps et énergie. Et bon, les problèmes de prendre le temps d'écrire, tu connais ;-)
Sinon, pour préciser déjà : j'ai été catholique, je suis protestante. Et toi? (Catho je suppose, sinon tu n'aurais pas parlé de sacrement de réconciliation...)
:-)

à bientôt de te lire (j'ai aussi un commentaire pour ton blog, mais ce sera pour plus tard, je dois aller travailler et suis déjà en retard, comme le lapin d'Alice, en retard, en retard...)

belle journée,

Paule

chrichrine a dit…

Catho, tu as supposé juste... ;-) personne n'est parfait! (gag habituel avec une copine protestante).
Enfin, je dirais, catho tendance oecuménique, je profite de la chance de venir d'une région mixte (en Suisse) et d'avoir des amis de toutes les confessions (quoique... il me manque des anglicans...)...

Au plaisir de te lire
Christine