Réflexions, spiritualité, coups de coeur... Poète et prophète sévissant sur Internet, le Moineau se réclame du Christianisme social et du Carrefour de Chrétiens Inclusifs, et ne demande l'autorisation de personne pour proclamer la bonne nouvelle de l'amour de Dieu révélé en Jésus Christ pour tous et toutes sans exception.

lundi 5 octobre 2009

La bénédiction des ânes

"Je ne suis pas spéciste, mais..." pourrait être le titre de ce post, mais gardons celui avec les ânes, ce sera un petit clin d'oeil à mon amie M. en souvenir de certaine escapade berrichonne.


Donc, voilà que mon frère et ma belle-soeur, heureux propriétaires d'une ancienne ferme en Hainaut, ont, sur le bord de leur terrain, une chapelle, anciennement dédiée à Saint Joseph. L'idée leur est venue, il y a quelques temps, de rénover la dite chapelle, et de marquer le coup en la faisant bénir et en invitant les voisins. A vrai dire, je n'ai pas discuté avec eux de leurs motivations à refaire une chapelle (envie de s'inscrire dans des traditions villageoises, occasion de faire la fête, utilisation de la rénovation de chapelle comme "bac à sable" pour s'entraîner aux techniques bios qu'ils utilisent pour reconstruire leur maison, etc etc?). Mon frère, en tout cas, n'a été chrétien que dans son enfance (d'enfant de choeur), et ne semble pas en voie de le redevenir.

Il y a quelques semaines, j'ai donc reçu une invitation à la bénédiction de la chapelle, assortie d'une démonstration de dressage éthologique au manège voisin (oh, intéressant!) et entre les deux d'une bénédiction des animaux. Miséricorde! J'avais déjà bien du mal avec le concept de bénédiction de chapelle, mais, alors les ANIMAUX!! La promptitude de l'église catholique à considérer qu'on peut bénir à peut près n'importe quoi, du chien à la voiture en passant par le bateau, la crosse de hockey et le cheval de course, assortie de son obstination à ne surtout pas bénir les humaines amours de mes amis homos me donnant de véritables ulcères, j'ai envisagé un moment de ne pas aller à la petite fête. Mais bon, y aller, ce n'était pas non plus comme écrire en grand que j'approuvais la cérémonie, que je trouvais exaltant que la statue de Saint Joseph retrouve une maison au bord du chemin, et que Benoit XVI était vraiment un chic type! D'ailleurs, j'avais envie de voir la famille. Et puis surtout, j'étais curieuse : à quoi ça ressemble, un truc aussi débile qu'une bénédiction d'animaux?

J'ai commencé à me triturer les neurones. Bon, on bénit des bestioles. Est-ce que je trouvais ça débile? Et pourquoi? Quel sens ça peut avoir? Bref, j'ai saisi l'occasion pour me poser des questions sur le rapport entre les humains et les animaux, et Dieu dans tout ça. Tellement de questions et de pistes explorées, que si je commence à tout détailler, ça va faire un article de 15 pages.

En gros, cela naviguait entre mes sympathies profondes pour François d'Assise (dont c'était justement la fête ce dimanche), et de profondes considérations sur la notion de "spécisme"... Je me sens plutôt "spéciste" : les humains avant les bêtes, et loin de moi les militants de Gaia. Mais quand même, Dieu a créé la nature entière, les humains cassent toute la planète, tuer les bébés phoques pour leur fourrure c'est plus que moyen, ... et puis, il ne faut pas oublier Lisa!

Lisa, c'est la chatte de B&M, une charmante bestiole très aimée de ses humaines, lesquelles avaient tenu à ce qu'on ne l'oublie pas dans la bénédiction de leur PACS. Et quand Jean-Michel, prieur de Béthanie, vous parle de Lisa, vous vous prenez à aimer les bêtes comme c'est pas permis. (On notera en passant que Jean-Michel me fait un effet tout à fait surprenant, et que s'il était gourou je risquerais probablement de rejoindre sa secte voire de perdre l'esprit au point de léguer toute ma fortune à Gaia).

Donc, revenons-en à dimanche passé, chez Frère Chéri et Sa Madame. Buffet végétarien, bénédiction de chapelle, puis tout le monde (soit une dizaine de gens frigorifiés par le premier jour de vrai froid: famille, amis du manège, ainsi que 3 propriétaires de chiens divers à bénir, et 4 bigots du village tout contents de chanter des hymnes à côté du curé) se met en route vers le manège pour la suite des opérations. L'assistance et le décor (c'est triste, le Hainaut, sous le ciel gris de l'automne et dans les rafales de vent qui soulèvent la robe de Monsieur le Curé) : tout a des airs d'épisode de Strip Tease.




Nous arrivons aux ânes (première étape avant d'aller bénir les chevaux et les poules) que le curé regarde les ânes d'un air inquiet (comment je dois bénir ces machins-là, moi?). Il sort son grimoire rouge, est tout rassuré de trouver le chapitre "animaux domestiques" et lit le texte de la bénédiction. Et là, grosse consternation: le texte rappelle à qui veut l'entendre que oui, oui, Dieu a créé l'homme comme maître des animaux, qu'il peut l'exploiter, et .... s'en nourrir. Devant un parterre de végétariens, ça jette un froid.
Mais bon, nous avons été très très sages : personne n'a fait d'esclandre.

Rentrée chez moi, j'ai vérifié. Le Catéchisme de l'Église Catholique est formel : on a le droit de manger de la viande, et on veut absolument poser ce non-interdit bien en grand dans le règlement. On en profite pour justifier les recherches sur les animaux (bon, ok, je suis spéciste, donc très favorable à l'essai des médicaments sur les rats et les singes, mais quand même... de là à le justifier en disant que même Dieu l'a voulu parce qu'il a créé l'homme à son image et pas le singe, au secours!)

Et bien, finalement, je ne suis peut-être pas encore végétarienne, mais je me sens franchement moins spéciste que les catholiques. D'ailleurs, j'ai réfléchi : ce n'est pas parce qu'on veut le bien des animaux que l'on veut du mal aux humains. Un peu comme être féministe n'est pas contre les hommes, aimer les animaux, ce n'est pas contre les humains, et vive François d'Assise!

Pour ceux et celles qui veulent aller plus loin, je n'ai pas trouvé le texte de la bénédiction, mais celui du catéchisme (et une critique par des amis des animaux) ici:

Et aussi, en le cherchant, je suis tombée sur un site de curés et autres cathos végétaliens.
http://www.animal-respect-catholique.org/index.htm Il faudra que j'envoie à ma Belle-Soeur, .... pour la prochaine fois!

(Cela dit, je ne sais même pas si François d'Assise était végétarien, preuve que je ne sais absolument pas de quoi je parle, et que vous feriez mieux de lire des choses sérieuses et documentées, plutôt que ce blog).




4 commentaires:

brigit a dit…

qu'est ce que tu me fais rire Françoise!!..bravo!! et je confirme par les chants nocturnes et angéliques de Lisa que la demoiselle a été grandement bénie!

Elie-Marie a dit…

Je viens de découvrir votre blog, sur les conseils d'une amie commune, Brigit.
Mes premiers pas, me comblent, tant votre prose me ravit.
De plus, je suis si heureux, de connaitre un blog, animé par une femme, ce qui me semble rare.
Je vous souhaite tout le mal, qu'il faut, pour que vous réussissiez dans votre projet.
PS: Je me suis permis d'écrire un article sur mon blog, concernant le votre, et je l'ai mis dans mes liens.
Bien à vous !

Anonyme a dit…

Je me souviens lorsque j'habitais Québec, la paroisse catholique St-Roc faisait à chaque année la bénédictions des toutous. Ce qui a alimenté beaucoup d'amertume chez les chrétiens gais qui eux n'ont pas droit à une bénédiction des unions de même sexe dans l'Église catholique.

En passant, un grand merci pour tes prières! Mon conjoint a eu son angioplastie aujourd'hui et tout s'est bien passé.

Georges a dit…

Si on bénissait les animaux pour s'en nourrir, effectivement je trouverais ça immonde.

Mais dans la liturgie chrétienne traditionnelle, tous rites confondus, on n'a jamais béni la "nourriture" d'origine animale avant Pie XII.

Oui, l'homme est le maître, le roi des animaux, mais pas le tyran. Et les prières, composées dans les années '70, que ce curé a récitées n'ont aucune valeur théologique ou historique.

Si Dieu avait créé les animaux afin que nous les torturions, il serait un monstre. La consommation de chair animale est Sodome et Gomorrhe, dont on voit déjà le début.

Toutefois, ta question est essentielle: «la promptitude de l'église catholique [romaine] à considérer qu'on peut bénir à peut près n'importe quoi [...], assortie de son obstination à ne surtout pas bénir les humaines amours de mes amis homos» donne des nerfs et des ulcères. C'est du mensonge et de l'hypocrisie.