Réflexions, spiritualité, coups de coeur... Poète et prophète sévissant sur Internet, le Moineau se réclame du Christianisme social et du Carrefour de Chrétiens Inclusifs, et ne demande l'autorisation de personne pour proclamer la bonne nouvelle de l'amour de Dieu révélé en Jésus Christ pour tous et toutes sans exception.

dimanche 6 décembre 2009

Une toute petite nouvelle, mais grande pour moi!

Il y a quelques temps, l'Eglise Protestante Unie de Belgique prenait une (non-) position sur la question des bénédictions à l'occasion des mariages de couples homosexuels. A savoir : chaque paroisse peut décider librement. Et est invitée à se positionner.

Dans la paroisse que je fréquente, le Consistoire a décidé de confisquer le débat pour éviter un "clash", des débats houleux et potentiellement blessants pour la communauté et pour les personnes, et une division. Et de fermer toute possibilité. Je ne raconterai pas ici toute la discussion que j'ai eue avec un des pasteurs de la paroisse, ni le malaise et la blessure que ce "non" a laissé en moi. Une partie de la blessure venait de ce que je n'avais pas voulu "militer" pour une position plus ouverte parce que je ne voulais pas vivre ma vie dans cette communauté sur un mode militant. Je me sentais donc mal prise pour ensuite venir me plaindre qu'on n'écoute pas les gens concernés, puisque je m'étais tue...

Par ailleurs, au vu des réactions franchement homophobes entendues quand le Consistoire a expliqué sa position (ouverte aux personnes et à leurs choix de vie, mais ne souhaitant pas bénir les couples parce que n'ayant pas les bases liturgiques pour le faire... Un peu n'importe quoi entre la chèvre et le chou, mais déjà trop ouvert pour ceux qui auraient voulu qu'on jette les "abominations" hors du temple sans forme de procès). Bref, il y a des gens bien dans cette paroisse, j'aime les prédications des pasteurs... Je suis restée, et j'ai continué à m'investir dans la vie de la paroisse. Il y aurait sans doute plus à dire là-dessus, mais soit. Pour résumer, en une phrase : j'ai fait comme si je n'avais pas mal.

Je ne me suis même pas renseignée sur ce qui se passait dans les autres paroisses.

Parfois, mais assez rarement, je vais au culte ailleurs. A l'Eglise du Musée, une paroisse libérale dont j'apprécie certains aspects (qualité des études bibliques, sensibilité artistique). Pendant l'Avent, ils font des cultes musicaux. J'ai donc décidé, ce dimanche, d'aller là, me disant que l'orgue et la flûte porteraient ma prière. Bien m'en a pris : la prédication, sur la généalogie de Jésus, était vraiment très vivifiante. Et rappelait combien tous et toutes ont leur place dans la lignée humaine qui rend possible la venue de Dieu parmi nous.

Mais voilà qu'à l'issue du culte on annonce que va avoir lieu la petite assemblée extraordinaire convoquée pour un vote. Une seule question soumise à ce vote. J'aperçois un bulletin de vote, et donc je reste... Car il s'agit de voter si oui, ou non, la paroisse va accepter les bénédictions d'union de couples homos.

En attendant la fin des votes, je papote avec un paroissien qui m'explique que le consistoire avait pris position "pour", avec une restriction : ne célébrer de bénédiction que si un des deux époux est membre de la paroisse. Cette position est prise après l'organisation de plusieurs soirées de réflexion et débat sur le thème. Mais, comme le règlement paroissial l'autorise, des gens ont rassemblé 20 signatures demandant que la question soit soumise aux votes des membres de l'église. D'où le vote de ce 6 décembre.

53 voix pour, 38 contre, une abstention et un vote nul.

Hé bien, ce n'est pas un ras-de-marée pour, mais ça fait du bien.

Peut-être que je vais changer de paroisse. Non que je veuille me marier un jour (encore que... laissons ouverts tous les chemins) mais parce que ... Rester dans une communauté où l'on a été blessé quand il y en a une plus ouverte à côté, c'est du masochisme... Voilà une paroisse où je peux être moi-même, entièrement, sans restriction. Une paroisse où j'ai vraiment une place. Et que ce n'est pas rien.

Peut-être que, des 39 "non", certains feront le chemin inverse vers la paroisse d'où je viens, plus conforme à leurs idées. Il me semble tout de même que, entre la paroisse qui "gagnerait" des homophobes drapés dans leurs préjugés et celle qui "gagnerait" des gens dont le seul crime est de vouloir croire que leurs amours humaines ont quelque chose à voir avec le projet d'Amour de Dieu pour l'humanité, il n'y a pas photo sur qui a la meilleure part!

:-)