Réflexions, spiritualité, coups de coeur... Poète et prophète sévissant sur Internet, le Moineau se réclame du Christianisme social et du Carrefour de Chrétiens Inclusifs, et ne demande l'autorisation de personne pour proclamer la bonne nouvelle de l'amour de Dieu révélé en Jésus Christ pour tous et toutes sans exception.

mardi 27 octobre 2009

[poésie] Violence vieilles

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De la mémoire,
viennent griffer la douceur de cette ombre qu'on n'attend qu'à demi
toutes mes blessures d'enfance

Je prends recroquevillée une corde
pour pendre mes illusions à la poutre d'escampette

ou est-ce à la paille de ton oeil que je voudrais me pendre?

J'ai parfois la posture des vestales velues
et trop toujours
le même silence qui hésite au bord du cri.



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lundi 26 octobre 2009

Rencontre avec un poète

Je n'ai pas, ou je ne prends pas, le temps de raconter les belles rencontres offertes par la vie ces derniers temps.
Dommage, car il faudrait, à tout le moins, évoquer le plaisir d'avoir croisé, au monastère de Rixensart où j'allais pour écrire (et lui pour se ressourcer, comme il le fait un jour par mois), L.N., un poète, un croyant, un homme avenant, sympathique, profond... que j'aimerais avoir la chance de gagner comme ami. Bien qu'il ne s'agisse pas de chance, mais de prendre le temps, partager, donner du temps.

En tout cas, j'étais heureuse de ce "clin d'oeil" : j'allais là pour me retirer, écrire, tenter de raviver ma "vocation", et il m'est offert de croiser celui qui pourrait le mieux m'y encourager : un poète, talentueux, qui connait le monde de la littérature belge, ses arcanes (y compris comment bien remplir un dossier de demande de bourse),... juste un peu plus agé que moi et tout à fait amical et fraternel pour me servir, quand le besoin viendrait, de "grand frère en écriture"...
(et peut-être que le besoin EST déjà là, en fait!)

J'en reparlerai sans doute plus tard. Par exemple, quand j'aurai lu ses poèmes. (Pour le moment, je n'en ai lu que 3 ou 4, trouvés sur internet,mais j'aimerais me plonger dans un recueil).

Sur le type d'humain qu'il est, le genre d'homme, une chose m'a frappée. Nous étions à table, 4 personnes qui ne se connaissent pas, et devisions agréablement. L. a évoqué, à un moment, l'intimité d'un couple, qui reste de l'ordre du secret, de l'intime, de ce que l'on tait par pudeur, et a laissé échappé un petit bout de phrase comme "Etre avec une femme, ou avec un homme d'ailleurs, mais moi ce sont les femmes..." Cela m'a énormément impressionnée : il n'arrive quasi JAMAIS qu'un homme hétérosexuel dans une conversation évoque spontanément la possibilité d'être homosexuel (en général, à tout le moins, le cas de figure est que tout le monde est présumé hétéro; les hétéros considèrent que leur orientation sexuelle est la seule, et donc, qu'il est évident qu'ils sont, comme tout le monde, hétéros...). Un hétéro, homme marié, catholique pratiquant, qui sort du lot, ça fait du bien!

Qu'il avoue dans la même phrase son goût du baroque ne fera que le rendre plus intéressant ;-)



mardi 13 octobre 2009

Une réponse un peu inattendue

C'est amusant, parfois, comme le simple fait de se mettre en mouvement dans une direction peut mettre les choses en perspective, surtout pour moi qui vit trop souvent "en terre d'apathie", pratique à outrance l'inertie, le doute, la pusillanimité et j'en passe. (En fait, en général, je suis la ligne de moindre résistance, et j'ai à cela quelques vieilles raisons, mais ceci est une autre histoire, qui nous mènerait bien trop loin aujourd'hui).

Donc, poussée par le désir assez vague d'étudier la théologie, par une intuition, sans trop savoir pourquoi ni comment, et par conséquent pas encore tout à fait décidée, je me suis inscrite, "pour voir" et me remettre dans le bain universitaire tout en introduisant des choses plus sérieuses, à un programme intitulé "introduction critique aux religions contemporaines", dont les curieux trouveront une description .

Et voici que patatra, dès le premier cours, c'était le coup de foudre, le "bon sang mais c'est bien sûr!", Archimède en sa baignoire n'aurait pu jubiler davantage. J'aime ça. J'aime ça, à un point que je ne saurais dire. Peut-être ai-je étouffé bien fort mon goût des études (on va à l'unif, on a son diplôme, et puis on trouve un métier sérieux pour gagner sa vie et ne plus dépendre de papa-maman, voilà ce qu'on fait quand on est jeune et qu'on a plein de raisons de ne pas oser vivre sa vie à soi...) Rester dans le domaine de la pensée, la recherche, ce n'était pas possible, pas pensable. Et puis, à 22 ans, j'étais heureuse de quitter les sphères académiques pour me frotter au vrai monde (de prof dans l'enseignement spécial, auprès de jeunes filles porteuses de handicaps et de difficultés, dans une région elle aussi en difficulté). Je n'aurais pas voulu m'enfermer dans une tour d'ivoire (même si les savants voyagent d'unif en unif, ils ne vont souvent que de tour d'ivoire en autre tour d'ivoire, non?)

N'empêche, j'ai des regrets, de je m'accommode de moins en moins. Alors, hier, j'ai fait un tour sur questiondieu.com, et trouvé ceci : un monsieur se demande si commencer des études de théologie pour devenir pasteur, alors qu'il a 53 ans, c'est bien raisonnable. Et on lui répond ("je ne vois pas pourquoi vous ne vous accorderiez pas ce plaisir") sur le terrain du désir qu'il a de faire ces études, sur le terrain du plaisir qu'il y prendra!

Moi qui ai souffert toute mon enfance d'être "traitée d'intello" (devais-je porter une différence difficile à porter?), puis qui ai développé dès l'adolescence des stratégies pour me camoufler dans la masse, et qui, poussant cela au paroxysme, me retrouve adulte à faire un travail qui ne demande aucun effort intellectuel et suis jalouse des autres qui ont des fonctions plus intellectuelles, de recherche, mais voilà essoufflée de découvrir que, non, vraiment je ne peux plus continuer comme ça à m'étouffer, à étouffer cette part vitale de moi qui aime tant penser.

Sur le terrain du désir.

Essoufflée, ou re-soufflée, ré insufflée de désir?

La question initiale (étudier la théologie, mais pourquoi et comment) qui me hantait tant jusqu'il y a peu est alors en voie de résolution. Sans doute que je vais faire le master, donc le comment, il faudra bien le trouver, voilà tout. Quant au pourquoi, la question ne se pose plus vraiment non plus. Je marche, je me glisse, à la rencontre d'une évidence, comme de moi-même.

lundi 5 octobre 2009

La bénédiction des ânes

"Je ne suis pas spéciste, mais..." pourrait être le titre de ce post, mais gardons celui avec les ânes, ce sera un petit clin d'oeil à mon amie M. en souvenir de certaine escapade berrichonne.


Donc, voilà que mon frère et ma belle-soeur, heureux propriétaires d'une ancienne ferme en Hainaut, ont, sur le bord de leur terrain, une chapelle, anciennement dédiée à Saint Joseph. L'idée leur est venue, il y a quelques temps, de rénover la dite chapelle, et de marquer le coup en la faisant bénir et en invitant les voisins. A vrai dire, je n'ai pas discuté avec eux de leurs motivations à refaire une chapelle (envie de s'inscrire dans des traditions villageoises, occasion de faire la fête, utilisation de la rénovation de chapelle comme "bac à sable" pour s'entraîner aux techniques bios qu'ils utilisent pour reconstruire leur maison, etc etc?). Mon frère, en tout cas, n'a été chrétien que dans son enfance (d'enfant de choeur), et ne semble pas en voie de le redevenir.

Il y a quelques semaines, j'ai donc reçu une invitation à la bénédiction de la chapelle, assortie d'une démonstration de dressage éthologique au manège voisin (oh, intéressant!) et entre les deux d'une bénédiction des animaux. Miséricorde! J'avais déjà bien du mal avec le concept de bénédiction de chapelle, mais, alors les ANIMAUX!! La promptitude de l'église catholique à considérer qu'on peut bénir à peut près n'importe quoi, du chien à la voiture en passant par le bateau, la crosse de hockey et le cheval de course, assortie de son obstination à ne surtout pas bénir les humaines amours de mes amis homos me donnant de véritables ulcères, j'ai envisagé un moment de ne pas aller à la petite fête. Mais bon, y aller, ce n'était pas non plus comme écrire en grand que j'approuvais la cérémonie, que je trouvais exaltant que la statue de Saint Joseph retrouve une maison au bord du chemin, et que Benoit XVI était vraiment un chic type! D'ailleurs, j'avais envie de voir la famille. Et puis surtout, j'étais curieuse : à quoi ça ressemble, un truc aussi débile qu'une bénédiction d'animaux?

J'ai commencé à me triturer les neurones. Bon, on bénit des bestioles. Est-ce que je trouvais ça débile? Et pourquoi? Quel sens ça peut avoir? Bref, j'ai saisi l'occasion pour me poser des questions sur le rapport entre les humains et les animaux, et Dieu dans tout ça. Tellement de questions et de pistes explorées, que si je commence à tout détailler, ça va faire un article de 15 pages.

En gros, cela naviguait entre mes sympathies profondes pour François d'Assise (dont c'était justement la fête ce dimanche), et de profondes considérations sur la notion de "spécisme"... Je me sens plutôt "spéciste" : les humains avant les bêtes, et loin de moi les militants de Gaia. Mais quand même, Dieu a créé la nature entière, les humains cassent toute la planète, tuer les bébés phoques pour leur fourrure c'est plus que moyen, ... et puis, il ne faut pas oublier Lisa!

Lisa, c'est la chatte de B&M, une charmante bestiole très aimée de ses humaines, lesquelles avaient tenu à ce qu'on ne l'oublie pas dans la bénédiction de leur PACS. Et quand Jean-Michel, prieur de Béthanie, vous parle de Lisa, vous vous prenez à aimer les bêtes comme c'est pas permis. (On notera en passant que Jean-Michel me fait un effet tout à fait surprenant, et que s'il était gourou je risquerais probablement de rejoindre sa secte voire de perdre l'esprit au point de léguer toute ma fortune à Gaia).

Donc, revenons-en à dimanche passé, chez Frère Chéri et Sa Madame. Buffet végétarien, bénédiction de chapelle, puis tout le monde (soit une dizaine de gens frigorifiés par le premier jour de vrai froid: famille, amis du manège, ainsi que 3 propriétaires de chiens divers à bénir, et 4 bigots du village tout contents de chanter des hymnes à côté du curé) se met en route vers le manège pour la suite des opérations. L'assistance et le décor (c'est triste, le Hainaut, sous le ciel gris de l'automne et dans les rafales de vent qui soulèvent la robe de Monsieur le Curé) : tout a des airs d'épisode de Strip Tease.




Nous arrivons aux ânes (première étape avant d'aller bénir les chevaux et les poules) que le curé regarde les ânes d'un air inquiet (comment je dois bénir ces machins-là, moi?). Il sort son grimoire rouge, est tout rassuré de trouver le chapitre "animaux domestiques" et lit le texte de la bénédiction. Et là, grosse consternation: le texte rappelle à qui veut l'entendre que oui, oui, Dieu a créé l'homme comme maître des animaux, qu'il peut l'exploiter, et .... s'en nourrir. Devant un parterre de végétariens, ça jette un froid.
Mais bon, nous avons été très très sages : personne n'a fait d'esclandre.

Rentrée chez moi, j'ai vérifié. Le Catéchisme de l'Église Catholique est formel : on a le droit de manger de la viande, et on veut absolument poser ce non-interdit bien en grand dans le règlement. On en profite pour justifier les recherches sur les animaux (bon, ok, je suis spéciste, donc très favorable à l'essai des médicaments sur les rats et les singes, mais quand même... de là à le justifier en disant que même Dieu l'a voulu parce qu'il a créé l'homme à son image et pas le singe, au secours!)

Et bien, finalement, je ne suis peut-être pas encore végétarienne, mais je me sens franchement moins spéciste que les catholiques. D'ailleurs, j'ai réfléchi : ce n'est pas parce qu'on veut le bien des animaux que l'on veut du mal aux humains. Un peu comme être féministe n'est pas contre les hommes, aimer les animaux, ce n'est pas contre les humains, et vive François d'Assise!

Pour ceux et celles qui veulent aller plus loin, je n'ai pas trouvé le texte de la bénédiction, mais celui du catéchisme (et une critique par des amis des animaux) ici:

Et aussi, en le cherchant, je suis tombée sur un site de curés et autres cathos végétaliens.
http://www.animal-respect-catholique.org/index.htm Il faudra que j'envoie à ma Belle-Soeur, .... pour la prochaine fois!

(Cela dit, je ne sais même pas si François d'Assise était végétarien, preuve que je ne sais absolument pas de quoi je parle, et que vous feriez mieux de lire des choses sérieuses et documentées, plutôt que ce blog).




dimanche 4 octobre 2009

[EP] J'ai dit oui

L'Evangile en poésie, Luc 1,26-38

Aujourd'hui, ma joie!

Ma joie est venue avec les ailes de la jeunesse
Battre les mots de Dieu à mon oreille
Promesse étrange

On m'avait dit que je n'étais rien
Que la fille d'un père, la fiancée du fiancé
On m'avait dit que je n'étais rien sans homme
Que sans homme je ne pouvais rien créer
Que sans homme je ne marcherais pas sur les chemins de l'allégresse
On m'avait dit que je n'étais rien, moi femme de Galilée, sans homme
Sans le regard d'un homme
Sans la permission d'un homme.

On m'avait dit que ce que disent les femmes n'a pas d'importance.

Mais je ne désirais pas tant le regard des hommes
Que de porter en moi ma part d'allégresse
Et devant moi ma part de parole.

Aujourd'hui, ma joie!

Dieu m'a regardée
Dieu a déposé sa promesse à mes pieds
Dieu a murmuré mon nom
A mon oreille Il a déposé un prénom d'enfant
Promesse pour les nations
Promesse de Liberté
Souffle.

J'ai ramassé la promesse entre mes doigts de femme
J'ai dit "Oui, que Ta volonté soit faite"
On m'avait dit que je n'étais rien
Sans la permission d'un homme

Mais je n'ai demandé la permission ni à mon père ni à mon fiancé
J'ai dit oui librement, debout

Libre comme Dieu me voulait
J'ai décidé seule.

Aujourd'hui, ma joie!

J'ai dit oui sans demander la permission de personne.