Réflexions, spiritualité, coups de coeur... Poète et prophète sévissant sur Internet, le Moineau se réclame du Christianisme social et du Carrefour de Chrétiens Inclusifs, et ne demande l'autorisation de personne pour proclamer la bonne nouvelle de l'amour de Dieu révélé en Jésus Christ pour tous et toutes sans exception.

vendredi 31 juillet 2009

Haiku


J'ai des banquets véloces adossés aux fenaisons
où les pouillots picorent l'été.
Les tables dressées tiendront aumône au vent.


jeudi 30 juillet 2009

[Histoire] Le pasteur Doucé

à la Marche des Fiertés parisienne, fin juin, avec le CCI (Carrefour de chrétiens inclusifs), nous avions de fort jolies pancartes, fabriquées avec amour par Stéphane et Hope.

Je me suis donc retrouvée an train de brandir une affiche commémorant/dénonçant l'assassinat du pasteur Doucé. Et j'ai du, penaude, aller avouer mon ignorance à Stéphane, qui m'a fait un briefing express (merci Stéphane!)

Le briefing express était comme ça, plus ou moins (et avec la sono d'un char dans les oreilles, donc nous avons une bonne excuse) : "pasteur homo qui célébrait des bénédictions de couples gays , fondateur du CCL (à ne pas confondre avec la CCL belge, Communauté du Christ Libérateur), a été assassiné et on n'a jamais su par qui". Le topo rapide sur Doucé. J'ai promené ma pancarte avec coeur (j'ai aussi tenu la jolie banderole qui disait "Dieu dit du bien de toi", et d'ailleurs j'aurais bien envie de vous faire un récit de cette Pride, mais ce serait quand même un peu réchauffé).

Je n'avais jamais entendu parler du pasteur Doucé, ni mort, ni vivant. En 1990 (son assassinat), j'étais aux Etats-Unis, et je découvrais la communauté LGBT : première Gay Pride, première soirée lesbiennes, premières librairies gays et lesbiennes...

Et puis, je n'y pensais plus, au pasteur Doucé, jusqu'au moment où, faisant des recherches en bibliothèque, je suis tombée, dans de vieux Lesbia Magazines, sur les annonces du Pasteur Doucé.




Ma culture était bien lacunaire, tout de même de ne rien savoir de ce Pasteur qui célébrait des "bénédiction d'amour et d'amitié". J'ai eu envie d'en savoir plus
J'ai fait un peu de recherches. Wikipedia, et des sites d'actus et d'archives.

J'ai donc appris que le Pasteur Doucé était belge (mais naturalisé français ensuite), et militant homo, pour une église ouverte aux homosexuels, fondateur du Centre du Christ Libérateur (CCL) à Paris, espace d'accueil et de parole pour les minorités sexuelles : homosexuel-le-s, transsexuels, mais aussi sado-maso et pédophiles... Ce qui l'a semble-t-il amené à être proche de gens pas très nets. Selon son compagnon, il était surveillé par les Renseignements Généraux. Un jour, le 19 juillet 1990, deux hommes avec une carte de police viennent le chercher chez lui pour lui poser des questions. Il les suit. On ne le reverra plus jamais. On retrouvera son cadavre dans la forêt de Rambouillet en octobre. Et on ne saura jamais par qui et pourquoi il a été tué.


Sources : Lesbia, wikipedia

mercredi 29 juillet 2009

Un clin d'oeil aux copines

Samedi après-midi, alors que je me promenais rue des Chartreux, j'ai eu le plaisir de tomber sur les restes d'un affichage sauvage anarcho-féministe.
ça faisait vraiment du bien de voir ainsi l'espace public envahi par des slogans invitant les femmes à se libérer des tyranies patriarcales. Merci merci merci aux copines qui ont fait ça!


(Pour voir les photos en grand , cliquez dessus. Mon affiche préférée, c'est la dernière)







mardi 28 juillet 2009

Ce tremblement de taire... [2/3]

Voici le deuxième épisode du feuilleton entamé la semaine dernière.

Résumé du premier épisode : Paule, l'héroïne, qui pourrait aussi s'appeler Saule, mais ceci est une autre histoire, participe pour la deuxième fois à une retraite de chrétiens LGBT&friendly, écoute des enseignements bouleversants, rencontre des gens tout chouettes, et en revient un peu transformée, oui, mais jusqu'où et jusque quand?

***

C'est difficile, de dire un appel. Oh, d'autres y parviennent, sans doute, mais moi, j'ai un peu de mal. C'est que j'ai de l'esprit critique à foison, que j'aime ce qui est rationnel, ne serait-ce qu'un peu, et que dire "J'entends Jésus qui m'appelle", ou "Je veux suivre Jésus", dans ces conditions... Encore que, bon, quand on est, par exemple, un pêcheur de Gallilée les deux pieds sur terre (ou bien dans sa barque), ce n'est pas nécessairement plus facile.

Que dire, et comment dire? Peut-être, seulement rendre compte de quleues éléments de ce que je me balbutie à moi-même, un peu confusément, dans le secret de mon âme, en ce mois de juin 2009...

Que l'amour que Dieu nous porte est immense, d'une confondante immensité. Mais que nous ne recevons en général cette immensité que portée par des intermédiaires humains.

Quelques moments forts de la retraite :
  • Pendant l'enseignement de Jean-Michel, à travers Jean-Michel, c'est bien une grosse louche d'amour de Dieu qu'on se prend en pleine poire (et qu'on ne se prendrait pas, si on n'était pas là, et si Jean-Michel ne faisait pas l'intermédiaire).
  • Le temps de méditation à la fin de cet enseignement. Couchée dans l'herbe, face contre ciel, recevant le soleil et le vent.
  • Un Notre Père chanté, à quelques uns (nous étions sept ou huit, en cercle) suivant l'invitation de T., autour du feu de camp, au coeur de la nuit. Moment d'une rare et indicible grandeur.
Des moments ludiques aussi, bien sûr, des moments de partage libérateur... Mais les moments forts sont ceux qui laissent ce sillon sur mon coeur, où je ne sais trop bien que semer.

Alors, le souvenir de la tentation (oui, je l'ai toujours vécu comme une "tentation", et ce n'est pas anodin), d'entrer dans les ordres. Récurrente dans ma vie, même si les phases d'athéisme sont récurrents aussi.

La "tentation", voisine, et plus récente, d'étudier la théologie, peut -être avec une visée de profession pastorale ensuite. (Hum, faire métier de prédications).

Un désir fort de simplicité volontaire, de pauvreté, de cesser de gaspiller, détruire, surconsommer, épuiser la planète et les frères et soeurs humains du Sud (surtout) ou d'ici (aussi) qui paient le prix fort des privilèges que j'ai tant de mal à contester au quotidien.

Un désir de juste être une courroie de transmission du message évangélique. Pour que les autres aussi reçoivent sur le visage, le corps, partout, le grand vent libérateur de Dieu.

Et je pense à cette collègue qui me disait "Tu dois être plus assertive", à ces magazines qui nous disent "Tu dois te réaliser", à la société du développement personnel. Ce n'est pas si mal, le développement persopnnel. mais pour quoi, pour quoi? Ne faut-il pas retourner tout cela, entrer dans un chemin de détachement, de transparence, justement ne pas s'affirmer, mais se faire vide pour que résonne mieux, à travers soi, le message du Christ, ce tout autre message qui nous dépasse et en nous dépassant fait que nous nous dépassons nous-même? Ne faut-il pas radicalement changer de regard, littéralement "se convertir"?

Je voudrais un chemin spirituel qui me permette d'allier mes convictions féministes (pas question de laisser tomber la juste cause de l'empowerment des femmes, à commencer par le mien) et la consicente reddition à un pouvoir tendre et tout autre.

Je voudrais n'être plus que corps permettant à l'amour du Christ de s'incarner, encore et toujours, sur terre, aux côtés de l'humanité. Que mon regard sur autrui devienne le regard d'amour, d'écoute, de compassion du Christ sur les humains. Qu'à travers moi, les autres puissent se sentir aimés de Dieu. Mais ça veut dire quoi? Sans doute pas s'asseoir auprès des plus pauvres et leur faire des sourires niais, sans doute pas me tenir nuit et jour aux côtés des SDF ou des sans-papiers, porter l'amour aux parias? Ou bien si? Mais je n'ai pas du tout du tout envie de faire ça! Je ne suis pas capable. D'ailleurs, à bien y réfléchir, je ne suis pas capable non plus d'écouter mes amis, je parle tout le temps. Je ne porte ni la parole du Christ ni rien du tout, seulement un flot de bavardage. ça ne va pas, mais alors là, pas du tout!!!

Je voudrais changer de vie, je change de vie, dans cette direction. Le problème est juste que je ne sais pas très bien, qui, quoi, comment, à quoi je suis appelée exactement.
Quelque chose de fort, de radical, de totalitaire? Quelque chose comme ce qui a fait se lever des générations d'apôtres, fondateur-trice-s d'ordres, prédicateur-trice-s dans les villes et les déserts... Quoi?

Etudier la théologie, ce serait encore se plonger dans les livres, solliciter l'intellect... Est-ce la bonne voie? Je ne sais pas... M'engager un an , le temps de réfléchir, comme bénévole dans une communauté (pourquoi pas Agape, qui cherche des permanents? ... Mais n'ai-je pas passé l'âge? Et est-ce que cela convient, colle avec ma personnalité? Je ne sais pas... D'autres pistes? Lesquelles? Il faut sans doute attendre et laisser Dieu me donner quelques indices supplémentaires. Peut-être faire une retraite quelque part? Je pense au monastère protestant de Grandchamp, mais nous voilà fin juin et j'ai dix jours de vacances avec d'autres projets. Je me dis que ces dix-jours-là vont m'aider à réfléchir.

[à suivre...]

lundi 27 juillet 2009

Un couple qui dansait...

J'ai passé un excellent week-end, dont j'ai ramené quelques photos qui me plaisent, et une image qui me touche énormément

Samedi un peu de rangement et d'écriture, un verre en terrasse au soleil dans le centre-ville avec mon amie D., quelques courses à l'épicerie bio et dans des librairies (on ne se refait pas), et pour terminer la journée en beauté, une part de Scrabble avec L. qui dormait chez moi (comme plusieurs autres week-end de l'été, parce qu'elle a besoin d'un pied-à-terre pour un boulot saisonnier).

Dimanche, je me suis longuement baladée en ville avec D., une jeune amie française. Un vrai plaisir de flâner sous le soleil, dans les rues pleine de monde joyeux, de manger en terrasse, et de filer l'après-midi voir la fausse plage qu'on a installée au bord du canal. Enfants qui jouent dans le sable, bars à cocktails, espaces pour le sport (beach volley), la musique et la danse. Un monde fou, de tous âges, toutes couleurs, tous calibres, très très diversifié, s'amusait là : en trois pas, on croise des mamies, des grands types, des moins grands, des musiciens, des grosses dames, des noirs, des jaunes, des roses, des blancs qui vont virer au rouge si le soleil persiste, des gamins sautant dans les jets d'eaux, des couples en maillot s'enduisant d'huile comme à la vraie plage, des jeunes filles portant un foulard, des quadras gays regroupés près du drapeau arc-en-ciel du thé dansant, des femmes enceintes (beaucoup), et de gens portant de très jeunes bébés...




La plage.



La bibliothèque de la plage!



Le show de salsa

Sur la scène principale de la "plage", un show salsa, un bal, devant la scène, un plancher, des danseurs, plus ou moins doués, plutôt plus que moins, manifestement très heureux d'avoir l'occasion de passer l'après-midi à danser, beaux à voir. Mais ceux qui crevaient vraiment la foule, ceux qui faisaient tourner toutes les têtes, et que nous avons été plusieurs à prendre en photo, sans pouvoir nous en empêcher, c'était un couple qui dansait un peu maladroitement. Ils avaient, à vue de nez, 85 ans chacun, un grand monsieur tout blanc, une petite dame qui tenait son sac à main (où je l'ai vue ranger un livre de poche, ce qui me l'a rendue très sympathique) et sa canne. Et ils dansaient. Oh, ça ne virevoltait pas, par moments c'était un peu hasardeux, mais leurs tentatives de faire encore des figures imaginatives malgré leur fragilité et leur équilibre affaibli, leurs regards, leurs sourires, leur aisance à évoluer sur cette piste, leur façon d'applaudir à la fin de chaque morceau, leur complicité, oh leur complicité!



Voilà l'image que j'ai tant aimé voir ce week-end, les mains de ces deux-là, image volée pendant la pause où le bal cédait cinq minutes la place au show, qu'ils regardaient trois couples d'impressionants jeunes danseurs, et que je ne voyais plus qu'eux, ces deux très vieux amoureux qui aiment danser, et qui dansent.

dimanche 26 juillet 2009

[O] Deux pains, cinq poissons


[Jean 6,1-15]

Voilà un des récits les plus populaires de l'Evangile de Jean: le coup de la multiplication des pains. Tout le monde connait cette histoire. Présente dans les quatre évangiles (Marc 6:30-44, Matthieu 14:13-21, Luc 9:10-17 et Jean 6 :1-15), elle fait partie du fond de récits du Nouveau Testament que tout bon petit occidental entend à un ou l'autre moment sur les bancs de l'école ou de la bouche d'une grand-mère attentionnée, à moins que tant l'école que la famille qui ont fait son éducation ne soient d'une irréprochable laïcité. Pour ma part, j'ai eu une éducation catholique romaine, des parents qui allaient à la messe (et n'oubliaient pas de m'emmener avec eux). J'ai donc eu droit, au cours de religion, au cathéchisme, et à de nombreuses reprises, à l'histoire que l'on connait : Jésus est avec ses disciple et une foule de gens qui les suivent; il est tard et tout le monde a faim. 5000 personnes, nous dit-on, et rien à manger. Enfin, pas vraiment rien, mais c'est tout comme... « Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d'orge et deux poissons, mais qu'est-ce que cela pour tant de monde ! »

Une belle histoire à raconter à des enfants, d'ailleurs. Elle est simple, elle apparemment parle de choses que tout le monde a pu expériementer (même dans nos sociétés de surabondance, le mot "faim" évoque encore quelque chose), et, ce qui ne gâche rien, le héros, celui qui apporte les pains et poissons sans qui rien ne serait possible, le héros, donc, est un enfant. Ce n'est pas le cas par exemple dans le texte de Matthieu, où les disciples semblent avoir eux-même apporté la nourriture, ou l'avoir demandée autour d'eux :
38 Mais il leur dit : Combien de pains avez-vous ? Allez et regardez. Et quand ils le surent, ils disent : Cinq, et deux poissons.

Qui plus est, le miracle est spectaculaire : nourrir 5000 personnes avec si peu, c'est presque plus fortiche que de faire marcher un paralytique.

N'étant jamais très à l'aise, personnellement, avec les récits de miracles, je peux comprendre que les adultes qui, dans les années septante, m'ont donné cours de cathéchisme, aient fait leur possible pour ramener ce récit sur le terrain de l'explication rationnelle. Chose qu'ils faisaient souvent, je ne sais si c'était dans l'air du temps... La mode d'une époque post Vatican II et imprégnée de Dolto? Une volonté de former des enfants qui ne "gobent" pas tel quel n'importe quel récit merveilleux? J'ai du subir, au cathéchisme, une foule d'explications plus ou moins scientifiques : Moïse avait passé la Mer Rouge à un endroit où la marée donne l'impression que les eaux s'écartent d'elles-mêmes, l'aveugle que Jésus guérit avait en fait une maladie qu'on pouvait guérir rien qu'en se lavant les yeux, etc...

Pour la multiplication des pains, il fallait aussi expliquer, que non, Jésus n'avait pas vraiment multiplié les pains. La théorie la plus en vogue était que les gens avaient eu assez à manger parce qu'ils avaient partagé. C'est bien connu : là où il y en a pour 2, il y en a pour 5000.
Le problème, avec de telles "explications", est double :
  • d'abord, même un enfant de 7 ans se rend bien compte que ça ne tient pas la route (il suffit d'avoir voulu un jour manger à 12 un gateau de 2 personnes pour voir où est le problème);
  • ensuite, cela rend l'Evangile un peu gnangnan, on précipite les enfants vers une morale un peu téléguidée : il faut partager avec ses petits camarades. C'est guimauve, c'est moralisateur, on dirait un mauvais épisode de la Petite Maison dans la Prairie. Jésus vaut mieux que ça, non?

Quel dommage qu'on ne nous aie pas, tout simplement, dans un premier temps (quand nous étions tout petits) permis de rêver en nous offrant les miracles tout nus, merveilleux, sans explications. Avait-on peur que nous confondions Jésus avec le Père Noël (qui, comme chacunE sait, n'existe pas)? Et quel dommage qu'on ne nous aie pas, simplement, un peu plus tard, introduit dans le registre du symbolique : le miracle n'est pas un récit à expliquer, mais une histoire qui nous parle de nous, de notre humanité de notre rapport les uns aux autres, à la vie, à Dieu. Même des enfants de 10 ans sont capables de comprendre cela, si on le leur explique bien. Si on fait l'effort de sortir du scientisme et du rationalisme.
Ce que nous devons toujours faire d'urgence, semper reforma, car il y a un réel danger à vouloir estampiller nos convictions du sceau du scientifiquement correct.

Expliquer (par la raison) un miracle plutôt que de le lire dans l'ordre du symbolique, auquel il appartient, est une démarche qui peut ouvrir la porte à toutes les dérives intellectuelles. Je pense ici aux scandaleuses déclarations de André Léonard, évêque de Liège, il y a quelques années, et de Benoît XVI, sur le préservatif. Au lieu de se cantonner dans leur domaine d'expertise (?), la théologie, ces messieurs prétendent se placer sur le terrain scientifique : le préservatif serait dangereux parce qu'il n'est pas fiable à 100%, et donc serait un instrument de propagation du VIH. Sans aller plus loin sur ce thème, on remarquera que prétendre se placer sur le terrain de la science, quand on n'est pas scientifique, pour justifier ce qu'on veut dire au nom de la foi, est à tout le moins douteux, et relève d'une inacceptable malhonneteté intellectuelle.

Mais revenons à nos poissons, à nos pains, et à cet encombrant miracle de leur multilication. Je me souviens d'avoir un jour entendu une prédication (dont j'ai malheureusement oublié l'auteur), qui, à première vue, se situait aussi du côté des "explications". Il est midi, les gens ont faim, ils voient qu'ils sont nombreux, ils n'osent pas sortir leurs tartines devant les autres (des autres dont ils pensent qu'ils sont peut-être venus sans pique-nique). Quand l'enfant propose de partager ses poissons et ses pains, ils se réveillent : libérés de leur frilosité, de leurs doutes, de leurs peurs (peur de ne pas avoir assez, peur "de manquer", peur de devoir partager, ou peur de ne pas savoir partager et dès lors devoir oser manger devant d'autres qui restent le ventre vide), tous sortent leurs provisions de leurs poches, et du coup, il y a assez à manger pour chacun et chacune, assez à manger pour tout le monde.

Si la nuance entre cette "explication" rationnelle et la précédante (ils partagèrent et du coup, il y a eu assez pour tous) est infime. Mais elle me semble essentielle.

Certes, on peut trouver des ressemblances : le miracle est apparemment gommé par une explication (ce n'est pas Jésus qui a vraiment multiplié la nourriture), et la situation est sauvée quand, grâce à un enfant qui propose ce qu'il a, les gens osent sortir de l'isolement, et du chacun pour soi. Dans les deux cas, l'important est que la foule est nourrie avec ce qu'elle apporte : Jésus travaille avec ce que nous avons sur nous, en nous.
La différence est dans la façon dont la prédication rend compte de la nature même du travail de Jésus. S'il ne multiplie pas vraiment les pains, que fait-il?
Dans la première analyse, celle entendue dans mon enfance, il invite à partager. Chacun se prive un peu, et il y en a pour tous. Parabole de ce que nous devrions faire aussi au niveau planétaire : la terre peut nourrir des foules, mais ses réserves ne sont pas énormes; il faut que le patrtage soit équitable (entre Nord et Sud) pour que personne ne meurrent de faim (il y a du chemin à faire!).

Mais la deuxième analyse, entendue plus tard, est à mon sens beaucoup plus percutante. Ici, il ne s'agit pas de calculer, de se rationner pour qu'il y en aie pour tous et toutes, et qu'il en reste, mais simplement de cesser d'avoir peur. De sortir de sa poche ce qu'on a avec soi, en soi, et de le manger. De ne pas thésauriser dans la crainte, mais de jouir de ce repas possible, qui est bon, que l'on peut prendre ensemble, en convivialité. On ne dit même pas qu'ils partagent, même si on peut le supposer (le geste de l'enfant qui offre ses pains est bien un geste de partage). Ici, le travail de Jésus n'est pas de nous faire la morale (partagez comme ce petit garçon et vous aurez tous à manger), mais, en prenant ce pain qui est là, en rendant grâce, en rompant le premier pain et en le distribuant, de nous inviter à manger, de nous inviter à vivre, au delà de nos peurs : mangez ce que vous avez à manger, et vous n'aurez pas faim. Vous serez rassasiés.

samedi 25 juillet 2009

[Zik] Vous (re-)prendrez bien un peu de belladonne?

Peut-être que tout le monde (enfin, le petit monde très restreint qui lit ce blog) connait déjà Belladonna 9ch, mais moi je viens de découvrir ce groupe, et que c'est du tout bon, que j'avais envie de vous partager!

Donc, voilà un petit message culturel qui fait des bulles de bonheur dans les oreilles, et où je vous présente 3 groupes que j'aime bien.

Le 1er groupe c'est donc Belladonna 9ch. Comme je n'y connais rien en chanson, ni en musique, je ne vais pas me la jouer critique musicale, juste vous dire que moi, j'aime bien l'accordéon, et que ça tombe bien, parce que dans Belladonna 9ch il y a de l'accordéon, mais pas que.

Quoi d'autre , alors? Voilà quelques qualificatifs glânés dans la presse (enfin, sur internet) :
groupe de marseillaises déjantées cyberpunkettes tendres AMAZONES

Ou encore, cette critique parue dans Libé, et reprise sur leur site :
«Musique résolument moderne, techno-bidouillages agrémentés d’instruments médiévaux, chansons résolument «de femmes», hymne au saphisme, à l’amour libre, salut aux femmes d’Algérie, bras d’honneur au sida comme au fascisme…Et le tout laisse une impression de pureté.»
Et voici deux petits morceaux à écouter, pour vous faire une idée...

free music
Le deuxième groupe c'est le Trio Orlando, que j'ai été écouter à Boisfort sur les conseils avisés de mon amie A., et c'était ♥♥♥♥♥♥♥♥♥ (Surtout Aida, la chanteuse!) Si vous avez l'occasion d'aller écouter un concert d'Orlando, n'hésitez pas une seconde, vous allez passer une excellente soirée!

Et, en attendant, écoutez-les ici:


Quant au troisième groupe que j'aimerais vous présenter, il s'agit plutôt d'une chanteuse,
Anne Raymon (accompagnée à la basse par la sémillante Malika). Je l'ai vue plusieurs fois sur scène avec énormément de plaisir, mais comme elle n'a ni myspace, ni autre site promotionnel, je ne peux vous la faire écouter. C'est dommage, vraiment dommage. Mais bon, sachez qu'elle a du talent, une bien belle voix, des textes qui coupent le souffle (pas tous, certains font rire) ...
Si elle sort un CD, un jour, sûr que je vous en reparlerai!

J'ai de la considération pour vos oreilles.

vendredi 24 juillet 2009

Ce tremblement de taire... [1/3]


Il y a des jours, comme ça, l'amour de Dieu vous tombe dessus sans trop crier gare; c'est bon, c'est chaud, et en plus c'est gratuit. On sent qu'on est aiméE, ou on s'en souvient, il fait soleil sur l'âme et vraiment, on soupirerait d'aise pour moins, bien moins que ça.

Il y a des jours, aussi, où l'amour de Dieu vous le recevez en surabondance, dans des lieux et des temps partagés. Expériences fortes, parfois marquantes, parfois plus éphémères, d'une retraite, d'un temps privilégié de réflexion et de partage, d'un séjour à Taizé... Le plus dur, nous le savons tous et toutes, c'est l'après, ce moment sournois où le retour au quotidien émousse, dissolvant dans le ronron plus ou moins heureux de nos habitudes le grand souffle que nous avons reçu. "Je reviens d'une rencontre entre pasteurs qui était si riche, me disais un jour H., je suis rentrée pleine d'énergie, et déjà, une semaine après, tout cela semble si loin!"
Nos ressourcements, aussi nécessaires soient-ils, nous font souvent vivre l'expérience, peu valorisante, du soufflé qui retombe.

J'aurais bien du mal à dire la richesse, la profondeur, l'intense beauté spirituelle et humaine qui se dégage des retraites annuelles du Carrefour de Chrétiens Inclusifs. J'y ai participé deux fois. La première fois, l'an dernier, le thème de la retraite était "Qui est ma famille", et justement, la découverte était de l'ordre de se découvrir une famille, un chez soi peuplé de frères et soeurs.
La deuxième fois, en mai dernier, j'anticipais de retrouver cette famille d'élection; je me disais "ce sera bien". Je ne pensais pas que la deuxième retraite pourrait me marquer davantage, ou même autant, que la première. Cela n'était tout simplement pas possible. Et pourtant...

Je suis rentrée de là secouée jusqu'à l'os.

Et brûlante d'une conviction. Il y avait de l'essentiel, de l'incontournable, dans ce que je me disais depuis quelques temps déjà : qu'on ne peut pas être chrétienNE sans que cela change tout, que l'Amour qui embrase doit être dit, partagé, annoncé, proclamé. Qu'il faut crier très fort que Dieu nous aime, toutes, tous, d'un amour fou, et que cela change tout.

Et il me semblait que ma vie devait, dès lors, changer. On ne peut que trembler de se taire, quand on a reçu l'Evangile en plein dans les tripes. Sinon, si on reste pareilLE, à l'étroit dans sa petite vie, confinéE dans ses peurs, quelLE témoin est-on de l'Amour reçu?


La photo de couverture


Un mur de claviers, parmi les autres choses mémorables de l'expo
All we need [Esch/Belval, Grand-Duché de Luxembourg, 2007.]

jeudi 23 juillet 2009

Poésie

Le velours sous ta peau crisse des sables gris

Des olives noires comme l'or de tes yeux

Oh aimée des mirages

Aimée des déserts

Sillage des campements sous la pierre

Ta bouche assoiffée des oasis

Claire dans le ciel

mercredi 22 juillet 2009

Long week-end, fête nationale, cours de drague et feu d'artifice.

Un long week-end tranquille, flaneries, petits plaisirs, du soleil et de la bonne compagnie. Mais je n'aurai guère avancé dans mon roman, c'est le moins qu'on puisse dire!

Samedi, j'ai mis un peu d'ordre dans l'appart' avant de prendre le train pour aller à la campagne retrouver mon frère et son épouse : nous avons joué au whist samedi soir avec le frère de A., puis dimanche avec sa soeur. Nous avons également joué aux Colons de Catane, puis essayé des jeux de société lego, dont un assez rigolo où le dé se construit en cours de partie...

Dimanche soir, pur moment de plaisir ciné avec A., A. et I. : nous allons voir "Harry Potter and the Half-Blood Prince" puis prenons un verre en discutant notamment de drague, un sujet qui ne s'impose pas, même si nous y sommes portées assez naturellement par les mésaventures de Ron et des autres sorciers adolescents dont les phéromones s'agitent en tous sens.

Lundi, après une petite grasse matinée, je passe l'après-midi et la soirée chez A., où nous nous amusons en préparant les vacances : nous réservons des chambres dans un hôtel à Québec qui a l'air fort confortable, et dans un B&B design à Toronto. Les vacances se rapprochent... Je termine la soirée par une promenade au Bal National (où je me dis que, décidément les crooners flamands sur fond de boudin-compote, ce n'est pas mon truc) puis un verre au Mezzo (soirée Girly Mondays) avant d'attraper le dernier métro.

Mardi... Mardi, j'avais prévu d'écrire, de m'immerger dans ce fichu roman qui n'avance pas. Mais une fois de plus, les effets conjugués du soleil et de ma paresse naturelle ont agi. Entre une nouvelle grasse matinée, une papote avec A., la poursuite de la recherche des B&B canadiens, une rêverie sur les homards du Maine, un peu de lecture au soleil, et le feu d'artifice (celui de la Place des palais, éblouissant, comme toujours, puis, sur le chemin du retour, celui de Saint Josse, plus modeste mais bon enfant), j'aurai en tout et pour tout écrit trois maigres (et mauvais) paragraphes.


Pas vraiment un week-end d'écrivain, tout ça, mais un week-end bien agréable, alors, que demande le peuple?



mardi 21 juillet 2009

Fête nationale

Aujourd'hui, c'est la fête nationale belge... Pas d'article sur le blog, mais un petit clin d'oeil.


lundi 20 juillet 2009

Brouillard éditorial

Il me semble que le plaisir que je prends à écrire ce blog ne s'émoussera pas trop vite, et je m'en réjouis.

Si j'ai longtemps hésité à écrire un blog, c'est qu'il me semblait devoir faire les choses dans les règles de l'art, et donc à tout le moins avoir choisi, avant de me lancer, une ligne éditoriale. Le problème, c'est que je suis aussi spontannément linéaire qu'un caméléon qui danse la lambada. Il m'était donc impossible de choisir : blog de réflexion (chrétienne ou autre), blog militant féministe, blog militant LGBT, blog littéraire (avec des critiques, ou des textes, ou les états d'ême d'une écrivain plus ou moins active), ou journal plus ou moin intime : le blog où on raconte sa vie?

Bien sûr, il y a des gens qui font "un peu de tout" (comme dans la pub pour les fromages belges), mais il m'a fallu un temps fou à m'autoriser cette petite folie : écrire au gré des mes envies et humeurs, sans soucis ni de ligne éditoriale, ni de cohérence, ni d'harmonie.

C'était la seule chose qui pouvait me plaire : dire ce qui me passe par la tête, ajouter un brin de récit de vie, saupoudrer de choses anciennes, de textes fonds de tiroir... Dans un joyeux méli-mélo de brouillard. Avec juste des "libellés" (tag tag) pour mettre un semblant d'odre dans ce fouilli. "Intentions" pour expliquer ce que ce blog entend faire, "journal" pour ce qui concerne ma vie, et puis "poésie", "spiritualité", "littérature",etc.

Parfois, se donner la liberté de faire ce dont on a envie, c'est la seule manière de se mettre à l'action.

Maxime qu'il me faudrait aussi, peut-être, appliquer à ma vie professionnelle, sentimentale et artistique.


dimanche 19 juillet 2009

Un voyage en Bretagne

Pas le temps d'écrire aujourd'hui.... je poste un texte ancien, au goût de vacances.

______________


Un morceau de la mer posé au coin des yeux. L'entrelacs des

Nuées, des vagues et du silence. Un sursaut de marées pour habiller les jours…

Votre Bretagne ainsi, bleue, sans cesse je l'ai rêvée.

On dit que par là-bas vivent des elfes sages; qu'il

Y a dans les bois les enfants de Merlin; que les nuits sont festives et les oiseaux volages.

A n'en plus trop savoir où vos nuages pleuvent, je suis, un instant, la petite sœur de

Guenièvre, la fille impétueuse de temps immémoriaux.

Et je marche, et je marche.

Et mes pas sont salés comme un vieux coquillage. Mes pas sont

Nus, tendres, affamés de sable et de boue.

Brocéliande, nom magique, berceuse de mes nostalgies.

Rennes vient à l'oreille, autre nom, autre mystère.

Eclats secrets d'une ville inconnue…

Tant de mots qui attendent que s'envolent vers la nuit les

Ailes des poètes, leurs plumes de maudits, et la douce morsure de leurs songes !

Grimoires oubliés, ouvrez-vous sous nos caresses, livres des

Nymphes, chantez pour nous ! Il nous reste mille choses à dire, mille découvertes, mille

Emerveillements à poser sur les chemins de Bretagne.

samedi 18 juillet 2009

Prière pour le septième jour

Seigneur, toi qui t'es arrêté au septième jour de la création,
bénis les instants où nous nous arrêtons,
bénis les moments où je m'arrête, les heures où je ne fais rien,
bénis le temps où je ne cherche pas à faire à tout prix,
le temps où je laisse advenir les choses plutôt que de forcer ce que je crois être nécessaire,
où je ne m'oblige pas absolument à être dans l'utile et dans la complémentarité,
bénis Seigneur mes non-projets d'avenir,
mes silences, mes doutes.

Bénis Seigneur les gens qui doutent,
la communion des hésitants, la fraternité des indécis.
Couvre de ta tendresse ceux qui ne font rien,
ceux qui se contentent de vivre,
ceux qui ne travaillent pas, ceux qui ne méritent pas,
ceux qui ne produisent pas,
les laissés-pour-compte du capitalisme et du rationalisme.

Délivre-nous de la froideur des justes et des juges,
des arrivistes et des battants.
Garde-nous dans les ailes du silence,
et bénis-nous, Seigneur,
quand nous osons nous tenir sans rien faire dans ton mystère.

vendredi 17 juillet 2009

A propos de canards


J'aime infiniment cette magie qui fait que nous associons un mot ou une idée à une personne. Ainsi, je ne passe jamais à travers la forêt de Soignes sans penser à ma mère, parce que, lorsque nous y passions en voiture, quand j'étais enfant, elle disait toujours, immanquablement, "La forêt de Soignes, c'est la plus belle hêtraie d'Europe". Et quand je vois une pièce de monnaie par terre, je la ramasse en pensant à cette aïeule que je n'ai pas connue mais qui disait à mon père "Celui qui ne ramasse pas un sou ne sera jamais riche". Je ne serai jamais riche, mais je ramasse, avec les sous, la trace qu'elle a laissé sur terre.

Depuis mai, je ne regarderai plus un canard sans penser à Jean-Michel, le prieur de la Communion Béthanie. Lors de la retraite du Carrefour Chrétien Inclusifs, Jean-Michel a proposé une méditation simple et riche qui allait droit à l'âme. Un des passages dont je me souviendrai longtemps parlait de la contemplation. Il évoquait la scène cruelle d'une mère disant à son enfant de 5 ans qui s'arrêtait devant un bassin, au parc, pour regarder un canard "Dépèche-toi, ne perds pas ton temps!" Et Jean-Michel qui avait été témoin de cette scène et restait secoué par l'horreur d'une éducation utilitarsiste où un enfant de 5 ans est sommé de se dépècher plutôt que de regarder le monde qui l'entourage, de nous partager son indignation : "Ce n'est pas perdre son temps que d'admirer un canard!"

Depuis, j'admire mieux les canards. Et je pense à Jean-Michel et à la retraite chaque fois que j'admire un canard. C'est, en effet, tout sauf une perte de temps.

jeudi 16 juillet 2009

Pourquoi Paule?

Pourquoi Paule? me demande mon amie A.

Je ne m'appelle pas vraiment Paule. C'est juste un pseudonyme que j'ai choisi pour ce blog, par soucis de discrétion, de même que j'entends, comme le font plusieurs de mes amis, désigner les personnes dont je parle par des pseudos (s'ils en ont), ou par l'initiale de leur prénom. Cela me permettra de dire plus, de dévoiler davantage, sans risquer d'être explicitement retrouvée par les moteurs de recherche comme auteure de ces lignes.

D'accord, dit mon amie A., mais pourquoi Paule?

Pourquoi pas Odette, Gisèle, Juliette, Clothilde, Françoise, Cybèle, Sappho ou Bérénice?

Ouch comment dire? En tout cas, quelque chose de l'ordre d'une explication, mais qui va sembler à A. se trouver à des années-lumière de son univers.

Paule parce que Paul. De Tarse. L'apôtre. Spontanément, sans chercher plus loin. Parce que ce blog est venu à un moment où je pensais à Paul, sur le chemin de Damas, foudroyé par la rencontre de l'amour du Christ, et empressé de le crier partout.

Parce que ceci, je le crains, est un blog apostolique. Rien moins que ça. Mais ne partez pas, il y aura aussi des recettes de cuisine et des poèmes érotiques.

mercredi 15 juillet 2009

Denrées périmées


Aujourd'hui après-midi, je suis allée aider C. et Y. à emballer les affaires pour le déménagement. Un moment heureux, puisque ces deux-là qui se sont rencontrés, sont tombés (follement et romantiquement) amoureux, sont heureux de s'installer ensemble...

Mais quelle affaire, de vider un appartement, de s'installer dans la maison de l'autre! Que de négociations (plus intérieures que de couple, peut-être) pour mon amie C. Comment choisir ce qu'on emporte, ce qu'on laisse, ce qu'on donne, ce qu'on jette?

Naturellement, ils sont tous les deux plutôt du genre à tout garder, et laisser un objet en arrière est un arrachement. En plus, C. a récolté à la maison pas mal de brols d'autres personnes (fauteuils de l'oncle Machin, bidules de la mère de son ex-mari, etc etc).

Je me suis attelée avec beaucoup d'entrain à vider les placards de la cuisine. Il est extrêmement jouissif de ranger par le vide, en jetant les vielles boites périmées. (oui, oui, je dénonce : elle avait encore de la levure de bière en paillettes, périmée depuis le 20 mars 1998). Chez les autres, c'est toujours plus drôle : on peut s'amuser tranquillement de l'absurdité d'avoir chez soi 3 boites de chapelure, un stock de maïzéna, des tas de sachets de thé que personne, manifestement, ne boira jamais, à moins d'organiser une tea party et d'inviter la moitié de la ville.

Bien sûr, j'ai le même genre de choses dans mes propres placards, mais chez moi, on ne sait jamais, ça pourrait vraiment servir.

Tout comme ce que C. m'a donné, selon la bonne vieille méthode qui veut que ce qu'on n'a pas le cœur de jeter, il faut le donner à autrui à qui cela fera plaisir. J'ai donc emporté, toute contente, en souvenir de cette belle après-midi : un vieux livre de cuisine Liebig des années 60, un vase tupperware (si, si, ça existe!), une bague canadienne en bois (fort jolie, même si objectivement un peu petite pour ma main) et un signet en raffia.

Rien que de l'utile dont je vais vraiment me servir! Un jour.

mardi 14 juillet 2009

Cartoons féministes
















En me promenant sur le net ce soir, je trouve le site de Barry Deutsch : une merveilleuse mine de cartoons de gauche, féministes, etc...

En voici un sur le fardeau de l'homme blanc/hétéro/valide... qui comme chacunE sait est bien malmené par toutes ces politiques anti-discrimination qui le lèsent et ne tiennent pas compte des difficultés que lui aussi doit afffronter, le pauvre chéri.


à découvrir sur www.leftycartoons.com et consommer sans modération.

lundi 13 juillet 2009

Lamento

Quoi que je fasse, quels que soient les chemins que j'emprunte, la maturité, l'apaisement, les accalmies durables, la douceur, il y a quelque chose qui a laissé des traces et toujours revient, un fond de vieille colère qui s'accroche à la mémoire. Une aigreur, dites-vous, si sûrs de votre bon droit gravé sur la poussière de mes avers. Vous avez confisqué Dieu et je suis en révolte.

Une aigreur, dites-vous, comme si j'étais aigre, et vous gonflés de lumière. Droits, et beaux, et blonds, bien rangés dans la chapelle, sans bruit, sans laisser de traces, vous avez confisqué l'amour de Dieu.

L'amour de Dieu pourtant, c'était pour tous, c'était pour toutes, il y avait de la place pour chacun dans ses éclaboussements. Sans conditions.

Donné, donné, donné. Dans une éblouissante splendeur.

Dieu donné dans les traces de nos mains, dans les éclaboussements, Dieu qui ne demande rien aux hommes que d'aimer et de croître. Dieu d'amour, on ne le dira jamais assez, on ne le criera jamais assez, Dieu d'amour et d'amour seulement. Grâce inconditionnelle.

Mais vous avez collé vos peurs sur la première pages des évangiles, et les traces de vos petites névroses, et vous avez appelé éclaboussement tout ce qui ne vous ressemblait pas, et vous avez appelé abomination tout ce qui ne vous parlait pas, et vous avez dit que croître ne se fait que dans une seule direction, la juste, la droite, la bien rangée. Vous avez ajouté des "si" à l'amour de Dieu, vous avez érigé des digues de vertu devant le tempétueux amour.

Des ombres, des traces de menaces, des éclaboussements de punitions, des mérites, des indulgences, des pardonnez-moi mon Père, oui, j'ai péché, j'ai tant péché, des trucs sombres qui ne font que croître, de tempétueux coups de machette dans les luxuriantes végétations de la promesse. Voici un catéchisme : tout est domestiqué, dévasté, régulé. Pour le mieux dites-vous, et mes aigreurs fredonnent des mots de haine. J'ai froid chaque fois que vous chassez mes frères de la promesse. J'ai froid et cela me rend mauvaise, méchante comme un fruit avarié.

J'ai froid. Il reste si peu de traces des premiers balbutiements de l'amour de Dieu, des éclaboussements de nuages, des nuées, des splendeurs, des humains appelés à croître en dignité et en tendresse, des tempétueuses libertés du créateur, des végétations nourrissantes, des sources vives, du jardin fleuri de permissions.

Oui, dit Dieu, marche, sois heureux, je t'ai créé dans mon amour, et mon amour n'attend de toi aucune action, aucun exploit. Mon amour veut te permettre de vivre et d'être toi-même. Infiniment.

Tu n'auras plus jamais soif. Je suis la source où tu pourras toujours boire, quelles que soient tes fragilités. Tu n'as pas à mériter de boire. Tu n'as pas à me mériter.

Mais les mots de Dieu n'arrivent plus aux oreilles des hommes. Les mots de Dieu se perdent, traces brumeuses dans la nuit, éclaboussements sur la route des peuples errants dans le désert, les mots de Dieu qui voudraient croître encore et encore, et courir follement à la surface des eaux, jouer dans les fontaines, chanter dans les oreilles de la création tout entière, les mots d'amour infini, tempétueux, annoncés à toutes les générations, à la terre entière, au règne animal, à la végétation, au jardin fleuri, aux rochers, aux galets, au caillou, au sable, les mots de Dieu se fanent à la lisière des églises. Là, on dit : "voici ce qui est permis, voici ce qui est interdit". L'amour devient affaire d'interdiction. Les feux que l'Esprit allume dans nos obscurités sont éteints aussitôt par ceux qui devraient souffler sur la braise pour aviver l'espoir. La promesse de flamme est engrillagée dans des règlement et les feux de l'amour ne sont plus que le titre d'un divertissement.

Dieu dit : Aimez-vous les uns les autres.
Dieu dit : Comme Je vous aime.

Mais nous n'entendons plus cet amour. Mes frères n'entendent plus cet amour. Ce dont nous avons soif nous a été confisqué. L'aube, la promesse, la joie, l'espérance.

Les prêtres sont venus. Ils ont dit que notre amour n'est pas agréable à Dieu, et tu es parti. Mon frère est parti, et le frère de mon frère, et le frère du frère de mon frère.

Il reste si peu. Des traces, des traces encore, la nuit constellée de regrets, des éclaboussements de givre sur nos âmes, et ce qui pourrait croître et qui ne croît pas, ce qui pourrait croire et qui ne croit plus.

Il reste le rêve tempétueux qu'aimer pourrait vouloir dire quelque chose. Il reste que oui, encore et encore je dirai : Dieu nous aime inconditionnellement et cela veut dire quelque chose. Il reste des végétations saccagées, des ozones troués, des désastres, des famines, des guerres, des jardins de fleurs fanées, et quand même, parfois, au milieu de tout ce carnage, des jardins fleuris.

Il reste de l'obscurité et la lumière annoncée à tous. Il reste les restes. Les pleurs de ceux que le mépris des hommes a jeté hors des églises. Les mots de colère et de tristesse. Il reste nos amours que leurs églises ne béniront pas. Il reste vos larmes, nos larmes, et le sel de nos larmes est encore le sel de la terre.

Il reste la Parole, l'amour, et dans trois gouttes de mots, la gloire de Dieu.

Matagne, Novembre 2008

dimanche 12 juillet 2009

Un souvenir de Paris














Aujourd'hui, deux photos prises à Paris, près du Sacré-Cœur, mardi passé.

Et une petite pensée pour D. et H., chez qui j'ai eu le plaisir de passer une nuit bien reposante avant d'explorer Paris.











Donc, l'invitée du jour vit a Paris et a un fort plaisant blog culinaire. (Un de ces jours, il faudra que j'essaye sa recette de topinambours au beurre de sauge)
http://hopieskitchen.blogspot.com/2009/01/legumes-de-la-terre.html

samedi 11 juillet 2009

[Livre] Ceci est ton corps

J'ai terminé, dans la nuit de mercredi à jeudi, de lire le dernier livre de Gabriel Ringlet, sorti à l'automne dernier. Terminé à deux heures du matin, car j'avais été incapable de le lâcher, tant il me brulait, ce livre. Trois jours plus tard, il me hante encore, comme si chaque mot de Ringlet avait été une griffe faite à même le plus tendre de moi-même, en un lieu mystérieux où l'âme et la chair sont jointes et palpitantes, en un lieu d'extrème fragilité et de grand vent.

"Ceci est ton corps" est le journal intime d'un accompagnement : celui d'un prêtre qui partage les derniers mois de la femme avec qui il vivait, la compagne de vie, atteinte d'un cancer qui se généralise. Tout dans ce livre emporte dans une émotion vraie mais extrêmement déstabilisante. Que ce prêtre parle d'une femme, de façon pudique mais néanmoins charnelle... Dès le début, l'Abbé Ringlet, en deux pages, explique sans expliquer, que depuis sa jeunesse, il a été engagé à être "un prêtre pour qui la présence d'une femme serait une bonne nouvelle, accueillie joyeusement, en très heureuse harmonie avec sa vocation". C'est pour lui une évidence qui est dite. Il ne s'y attardera pas : l'essentiel est ailleurs.

L'essentiel est dans le corps souffrant de cette femme qui agonise, de façon extrêmement douloureuse. Dans l'impuissance de celui qui l'accompagne. Dans les maladresses et les beautés de l'adieu. Dans la présence de Dieu.

Tandis que le corps de la femme brûle (littéralement, lors de tentatives désespérées du corps médical, après une chirurgie très lourde, de calciner en elle toute cellule cancéreuse), puis peu à peu se délite vers des soins palliatifs qui semblent peu aptes à l'empêcher de souffrir, les mots de Ringlet sont des mots de détresse et de foi. Car ce prêtre et cette femme profondément croyante sont, jusqu'à l'extrême, à la Maison comme à l'hôpital, noués dans le Notre Père récité ensemble en se tenant la main, et dans l'Eucharistie célébrée sur le lit d'agonie.

Le titre, "Ceci est ton corps", est d'une force et d'une violence inouïe: peut-être sans très bien comprendre ce qu'il écrit au départ dans ce journal "brut de décoffrage", Ringlet nous donne à lire que s'opère une sorte de "transsubstantiation": la passion de l'être humain, de cette femme dont le ventre souffre et hurle, devient la Passion. Son Corps devient le Corps même du Christ, le Corps même de Dieu, incarné en l'humanité souffrante.

Dit comme ça, cela parait sans doute un peu bizarre (j'imagine la tête des lecteurs-trices n'ayant pas un minimum de sympathie pour la théologie catholique!), mais les mots me manquent pour rendre justice à la finesse du texte. On n'est ni dans l'impudeur, ni dans la mièvrerie, on est dans le vrai. Le dénuement, certes, la mise à nu et plus qu'à nu.

J'en ai retiré une impression de blessure. Ce livre sans doute fait écho à mes propres peurs (de perdre des êtres chers), à ma difficulté de parler, communiquer sur la maladie (de mon père, par exemple, actuellement traité pour une Xième réapparition de cellules cancéreuses). A ma solitude, aussi. Qui partage ma vie? De qui suis-je compagne?

Mais surtout, une immense compassion pour l'homme qui a écrit ce livre. J'estime Gabriel Ringlet, que j'ai eu comme professeur, et dont j'ai apprécié l'esprit brillant, la culture et l'humanité. Je lui dois aussi beaucoup, car il m'a rendu un jour un service qui a eu une grande d'importance dans ma vie.

Une amie qui étudiait la communication en 2006 à Louvain-la-Neuve m'a dit "Nous avions cours avec lui cette année-là, je n'ai rien remarqué". Tandis qu'il vivait ces heures d'extrême douleur, il continuait à travailler, donner cours, faire passer des examens, donner des conférences... On le sent empêtré dans ce qu'il décrira pourtant plus tard comme « cette formidable imposture qui fait passer pour du courage le fait de ne pas s’arrêter de travailler ».

Mais s'il a un temps marché comme un brave soldat pour qui "the show must go on" sur les routes du devoir et de la face qu'on sauve, il nous dit aussi qu'en parallèle il a marché sur de bien étranges sentiers, aux confins du mystère évangélique, et combien il a pleuré, combien elle et lui ont pleurer, combien nos corps humains sont des corps qui pleurent, et, étrangement, que Dieu peut s'inviter dans ces corps-là.

Il partage le journal de ce voyage, et c'est un très beau cadeau qu'il nous fait, d'une intense délicatesse et d'une humble générosité. Si l'on accepte le cadeau, on peut en ressortir touché à vif, un peu déboussolé par le voyage, mais étrangement grandi.

Gabriel RINGLET, Ceci est ton corps. Journal d'un dénuement, éditions Albin Michel, 2008.

Les invitéEs

Chaque jour, une invitation à lire ce blog est envoyée à une ou un nouvel invité. Comme ça, au hasard, sans aucun ordre (de grâce n'y cherchez ni préférences ni préséances!).
voici la liste des invitées du blog en juillet 2009, par jour, avec leurs blogs, si ils-elles en ont.

1. [10 juillet]
Tanaquil
Rien ne vaut une amie comme Tanaquil!
Merci à toi d'être toi.
  • http://tanaquil123.over-blog.com
2. [11 juillet] Ben
Parce que l'intérêt que je trouve à lire ton blog est une des sources de mon désir d'en écrire un à mon tour. Mais aussi parce que je voulais aujourd'hui te partager cette réflexion autour du livre de Gabriel Ringlet.
Merci à toi d'être toi.
3. [12 juillet] Hopie's kitchen
Une américaine à Paris.
4. [13 juillet] Aujourd'hui, j'invite M-J, une femme pleine de soleil, amie très chère à mon coeur.

5. [14 juillet]
Dephine en invitée du jour. Parce que le 14 juillet, c'est logique de choisir une française (bonne fête à vous, amiEs françaisEs). Parce que j'allais pas la laisser trop loin derrière Hopie dans la liste des invitéEs. Parce que j'ai envie d'inviter des gens qui blogguent, histoire de m'encourager à aller plus loin. Parce que... Parce que rien. Il n'y a pas de logique à l'ordre des invitéEs, joyeux mélange de proches et de moins proches, comme ça, de coup de tête en coup de tête...
6. [15 juillet] Aujourd'hui, j'invite Y. Comme il est très occupé, ces-temps-ci, il ne me lira guère, mais ça ne fait rien. Au rythme d'un invité par jour pendant un an, il faut bien que certains ne me lisent pas. ;-)

7. [16 juillet]
A. Parce que.

8. [17 juillet] Le petit
frère Jean-Michel, prieur de la Communion Béthanie.

9 & 10. [18&19 juillet] Encore quelqu'un de Béthanie,
B., ainsi que M., sa compagne. En leur souhaitant un bel été...

11. [20 juillet] M. Dont j'aimerais bien qu'elle aussi écrive un blog. J'aurais certainement bien du plaisir à le lire!

12. [21 juillet] Une pensée pour Fabian, grand ami de la famille royale et amateur des festivités de la fête nationale. Son blog se trouve là :
13. [22 juillet] A., une copine du club (anti-)procrastination... Elle n'a pas de blog et c'est dommage, car je ferais volontiers sa publicité.

14. [23 juillet] Enfin, j'invite J., le rassembleur, l'ami, le frère. Encore quelqu'un qui m'a sacrément donné envie de blogger, rien que pour espèrer entrer dans les cobbayes de sa thèse
;-) Etre lue par J. est un plaisir et un honneur...

15. [24 juillet] Ce que j'ai commencé à écrire aujourd'hui m'a fait penser à M., avec qui j'ai le plaisir d'avoir semble-t-il quelques points communs (Le genre de points communs que d'aucuns appelleraient de la sentimentalité religieuse...)

16 & 17. [25 & 26 juillet] Invitons Ch., qui me fait l'amitié de prier pour moi, et B., sa compagne. Avec un gros bisou à chacune.

18. [27 juillet] Pas d'invités aujourd'hui, mais un message de bienvenue aux deux premiers visiteurs inconnus, venus de la blogosphère. Coumarine est une bloggeuse dont j'ai remarqué la lettre ouverte à Gabriel Ringlet.
Gilles a comme moi un blog tout frais tout jeune, où il commente l'évangile de Marc de façon intéressante et bien agréable à lire.
Je suis aussi très fière et honorée de figurer depuis hier dans la liste de liens de D... mais ça, c'est pour demain.
19. [28 juillet] L'invité du jour est québécois, bien connu des bloggueurs gays chrétiens. c'est aussi un vrai ami de vrais amis à moi, et, je l'espère, un futur ami. Bref, si vous ne connaissez pas encore le blog de D., allez vite le découvrir:

20. [29 juillet] Assez de chrétiens pour le moment (ou déjà trop?^^), invitons un peu de copines féministes et non- croyantes! Aujourd'hui, C. Qui a un blog franchement intéressant (c'est autre chose que le parpaillot d'hier, mais c'est aussi intelligent!). Et j'ai un coup de coeur pour l'article de saison que voilà:

21. [30 juillet] Je vais dire à Stéphane de jeter un coup d'oeil sur ce blog quand il rentrera de vacances...

22. [31 juillet] Impossible de finir le mois sans inviter mon amie M. On a beau ne pas mettre de priorités dans les invitations à lire, M. mérite largement d'être dans le premier mois. (OK, d'autres aussi, peut-être, mais... voili voilà... D'autres invités en août!)